« Nous sommes ici au niveau de l’angle du quai oriental du port romain. Il y avait auparavant la Bastide de Mège, une maison construite sur une structure ancienne qui, elle, devrait dater de l’époque augustéenne », explique Pierre Excoffon, directeur du service Archéologie et Patrimoine. Cette bâtisse a ensuite été rasée au cours du XXe siècle et, peu à peu, le vestige romain s’est enherbé, enseveli de sable et de blocs de pierre, et est devenu un terrain de squat.
« Notre objectif était donc de dégager le terrain pour voir l’état de la structure, tenter de l’analyser et penser éventuellement à ce qui doit être restauré, tout ça en vue de le valoriser auprès du public. »
Ce dégagement s’est fait dans la continuité de la prospection géophysique, entreprise voici quelques semaines dans le cadre du Programme Collectif de Recherches (PCR) mené sur le port romain de Fréjus par le service Archéologie et Patrimoine, en collaboration avec le centre Camille-Jullian d’Aix-en-Provence et la SCOP Ipso Facto – bureau d’étude et de recherche en archéologie.
Comme le confie Pierre Excoffon, « la première phase du PCR consistait à faire des repérages. Les résultats commencent à arriver et vont nous permettre de valider ainsi ou non nos hypothèses. »
La structure dégagée n’apporte pas encore toutes les réponses sur sa fonction.
Une capitainerie ou un phare découverts aux abords de l’ancien Port romain ?
Si les promeneurs s’attardent souvent autour de ce bâtiment depuis qu’il a été dégagé, ils ne prennent pas forcément conscience de la valeur qu’il représente… Sa fonction semble assez compliquée à comprendre, d’après le directeur du service Archéologie et Patrimoine.
« On imagine depuis longtemps qu’il s’agissait potentiellement d’un point de régulation d’accès au port. On pourrait supposer que la partie du haut était un bâtiment administratif, peut-être lié aux douanes. Une autre hypothèse est intéressante, celle d’y voir une tour de navigation, utile pour signaler le port. La puissance des structures découvertes le laisse penser… »
Autrement dit, cet ancien bâtiment est interprété comme la “capitainerie“ du port romain, ou comme une tour de signalement, voire un phare. « La question que l’on se pose, c’est ce qu’il y a en-dessous. Peut-être un espace de stockages ? »
Pour le moment, on reste dans la phase d’étude scientifique. « Ce sera ainsi tout le mois de novembre, précise Pierre Excoffon. Ensuite, pour la deuxième année du PCR, on va faire des propositions de sondages pour déterminer la profondeur. On passerait alors dans la phase de fouille archéologique. » L’idée serait ainsi de le remettre en état selon les niveaux de l’époque. Sans perdre de vue l’objectif : « on envisage pourquoi pas de mettre des barrières autour pour éviter de nouveau le squat. On y installerait un panneau explicatif, faire en sorte qu’il soit réellement valorisé auprès du public. »