Ces fouilles, organisées dans le cadre du « Programme Collectif de Recherche Le port romain de Fréjus » lancé en 2020, porté par la Ville de Fréjus (Direction Archéologie et Patrimoine) et le Centre Camille Jullian (AMU/CNRS), avec le soutien financier du Ministère de la Culture (DRAC/SRA), concernent la totalité de la topographie du bassin portuaire romain.
Ces dernières semaines, il s’agissait d’un complément de fouilles, en suite de celles contées dans un reportage de la presse locale, début juillet.
Un travail physique et minutieux
Pierre Excoffon (Directeur de l’Archéologie et du Patrimoine de la ville de Fréjus), Emmanuel Botte (CCJ/CNRS/AMU) et Nicolas Carayon (IpsoFacto), ont conduit l’équipe de fouilles, composée des agents de la Direction de l’Archéologie et du Patrimoine de la Ville et d’étudiants en formation dans le cadre de stages.
Ils ont testé à cette occasion, l’emploi d’une pompe thermique de rabattement, pour atteindre les niveaux situés juste sous la surface de la nappe phréatique. Après le gros travail des engins, certains membres de l’équipe ont dû travailler dans la boue pendant plusieurs jours, n’hésitant pas à terminer le travail des pompes avec leurs mains, pour dégager la boue des pièces découvertes, tandis que d’autres réalisaient croquis et relevés topographiques, pour enregistrer les côtes précises du terrain et du site.
Découvertes, ouvrages, supposition, datation
Martine Pétrus, 1ere adjointe, déléguée au Patrimoine historique, qui suit de près les travaux archéologiques de la Ville, tenait à féliciter et encourager l’équipe au nom du maire David Rachline. En archéologue éminent et passionné, Pierre Excoffon expliquait :
« Nous avons découvert la partie haute de caissons, ou coffrages en bois, qui permettaient de maintenir le remplissage en béton de pouzzolane (chaux, sable et fragments de tuf volcanique, qui assurent une prise en mer et un durcissement continu), nécessaire pour édifier les parties submergées des quais.
Nous savions que ce système de coffrage existait à Fréjus, car nous sommes ici en pleine mer à l’époque Romaine, et l’an dernier nous avions observé des traces de ce système de caissons en négatif (en creux) dans les maçonneries ».
Et de s’exclamer : « Nous en avons enfin la preuve matérielle ! » fier et passionné par cette découverte majeure pour l’archéologie de Fréjus, pour le bassin méditerranéen et pour l’histoire de la construction romaine dans l’hexagone !
D’autres surprises en vue !
D’autres éléments de bois pourraient correspondre à des jetées ou points d’appontement de l’ancien port romain de Forum Julii. Leur état de conservation est tout à fait remarquable et exceptionnel.
« L’ensemble se situe dans une partie dont nous ignorions l’état de conservation, de l’autre côté du bassin portuaire. Ces éléments de bois pourraient dater de la fin du 1er siècle après J.C. Les datations en cours à la dendrochronologie (analyse des cernes annuels de croissance afin d’obtenir des informations sur des événements passés) et au C14* (carbone 14) permettront d’affiner cette hypothèse » précise encore Pierre Excoffon.
Fouilles plus approfondies
Martine Pétrus s’est exprimée sur la suite : « Le site de la Bastide Mège est à la fois une zone archéologique majeure, mais également un site classé ‘’Monument Historique’’. Par chance il est aussi, dans cette partie, propriété communale. Le maire David Rachline, a demandé à notre service Archéologie, de solliciter des services de l’État, une autorisation de fouille plus conséquente pour l’année prochaine, avec des moyens plus adaptés et une équipe étoffée de spécialistes, notamment des bois gorgés d’eau, de xylologues, etc.. »
L’objectif sera de définir l’ampleur des éléments conservés, leur superficie et l’état global.
« Nous verrons ensuite avec les Services de l’État comment traiter l’ensemble, car l’étude en cours permettra, quoiqu’il arrive, de mieux connaitre et cerner la topographie du port romain, ses techniques de construction à la pointe des connaissances de l’époque, et ainsi assurer une valorisation optimale du site, projet porté aussi par la Ville depuis quelques années avec le soutien des Monuments Historiques (DRAC) » conclue Pierre Excoffon.
Nul doute que les fouilles archéologiques à Fréjus, réservent encore de nombreuses et belles surprises, ancrées dans l’Histoire de la Cité de l’Hermès.
*C14 : La datation par le carbone 14, dite également datation par le radiocarbone ou datation par comptage du carbone 14 résiduel, est une méthode de datation radiométrique fondée sur la mesure de l’activité radiologique du carbone 14 (C14) contenu dans la matière organique dont on souhaite connaître l’âge absolu, c’est-à-dire le temps écoulé depuis la mort de l’organisme (animal ou végétal) qui le constitue. Le domaine d’utilisation de cette méthode correspond à des âges absolus de quelques centaines d’années jusqu’à, au plus, 50 000 ans.